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Développement Durable : Enjeux ESG

 

Améliorer la qualité de l’air, réduire les déchets ou encore diminuer l’empreinte carbone sont autant de sujets d’actualité. En fait, une quête de sens semble s’emparer de la société. Où se situe alors l’entreprise ? Comment mesurer la création de valeur vu l’essor du développement durable ?

Les organisations n’ont d’autre choix que d’affronter cette problématique.

Or, l’environnement actuel est complexe. En effet, l’entreprise est confrontée à des mutations technologiques (blockchain, digitalisation, intelligence artificielle, RPA entre autres). A cela s’ajoutent également une remise en cause de son rôle dans la société. Elle doit alors contribuer à la résolution de problèmes tels que le changement climatique par exemple.

RSE

Par ailleurs, cette mutation environnementale des entreprises pose un sacré dilemme.

En effet, d’une part, la digitalisation des entreprises tous azimuts est censé économiser des ressources. A ce titre, elle favorise la suppression de tâches rébarbatives. Elle permet l’essor du big data et, donc le traitement de données financières et extra-financières.

Mais, de l’autre, cette même digitalisation conduit à une destruction des ressources naturelles. Prenons l’exemple de l’utilisation du bitcoin ou des smartphones. Ceux-ci sont responsables d’importantes émissions de CO2.

Développement durable et pressions extérieures

C’est dans ce contexte que s’inscrit la problématique du développement durable. L’objectif est de concilier progrès considérations ESGéconomique et respect de l’environnement.

Ainsi, parle-t-on de développement durable, RSE, ESG :

  • ESG : économique, social et gouvernance
  • RSE : responsabilité sociétale des entreprises

Définition ESG/RSE

Ainsi, selon la Commission européenne, la RSE est :

 » l’intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes. Être socialement responsable signifie non seulement satisfaire pleinement aux obligations juridiques applicables, mais aussi aller au-delà et investir « davantage » dans le capital humain, l’environnement et les relations avec les parties prenantes »

Dans cette définition, la Commission souligne bien la nécessité de créer un lien vertueux entre l’environnement et la gouvernance des entreprises.

Evolution de la législation française

Dès le début des années 2000, la France s’engage dans des considérations ESG :

2001 : Nouvelles Régulations Economiques (NRE) du 15 mai 2001 (article 116). Cette loi introduit la notion de responsabilité sociale des entreprises. Elle crée le rapport social et environnemental.

2010 : plan Grenelle II et son décret d’application en 2012 (article 225). Les entreprises doivent publier des indicateurs RSE dans le rapport de gestion. Ce plan parle de  « conséquences sociales et environnementales de leur activité et sur leurs engagements sociétaux en faveur du développement durable ». De plus, cette obligation concerne les sociétés non cotées ayant un nombre moyen de salariés est supérieur à 500.

2014 : UE : Directive du 15 novembre 2014 relative à la publication d’information non financière. Cette directive introduit la notion de rapport intégré.

2019 : La loi Pacte. L’objet social « est géré dans son intérêt social, en prenant en considération les enjeux sociaux et environnementaux de son activité »

De plus, optionnel, les entreprises peuvent se doter d’une « raison d’être ». Elle est inscrite dans les statuts. Il s’agit alors des objectifs à atteindre qui conditionnent leurs actions.

Enfin, la loi Pacte créé un statut d’entreprise à mission.  En particulier, des représentants de salariés ont pour objectif d’assurer le suivi desdites missions.

Présence de parties prenantes

RSEAujourd’hui, l’information financière stricto sensu ne suffit plus pour définir les performances et la prise de décision.

A priori, l’entreprise doit satisfaire ses actionnaires.  Ceux-ci s’intéressent au court terme, rapports tri ou semestriels oblige !

Néanmoins, l’organisation doit aussi considérer les parties prenantes (salariés, Etat, consommateurs, ONG, etc.). Or, ces derniers raisonnent sur une longue période.

 

 

 

Dans cette optique, la norme ISO 26000 définit « la responsabilité d’une organisation vis-à-vis des impacts de ses décisions et activités sur la société et sur l’environnement, se traduisant par un comportement éthique et transparent qui :

  • Contribue au développement durable, y compris à la santé et au bien-être de la société ;
  • Prend en compte les attentes des parties prenantes ;
  • Respecte les lois en vigueur et qui est en accord avec les normes internationales de comportement ;
  • Et qui est intégré dans l’ensemble de l’organisation et mis en œuvre dans ses relations ».

Aussi, la norme ISO 26000 comprend l’ensemble des risques ESG soutenues par les parties prenantes.

Pression des marchés financiers

Cependant, un horizon court terme versus long terme ne doit pas aboutir à une vision manichéenne : actionnaires versus parties prenantes.

Investissements socialement responsables (ISR)

En effet, de gros investisseurs comme les fonds de pension, fonds souverains, entre autres, recherchent un papier d’une certaine qualité. Ils sélectionnent alors des critères relatifs au développement durable. On parle d’investissement socialement responsable (ISR) ou éthique.

Ainsi s’exprime Larry Fink, fondateur et PDG de Blackrock (plus de 6 trillions de dollars d’actifs gérés)

Les sociétés qui suivent leur raison d’être et leurs responsabilités envers les parties prenantes en tirent les bénéfices à long terme

Or, d’après des études empiriques, il existe une relation positive entre création de valeur et considérations ESG. Quoi qu’il en soit, ces critères permettent de se forger une opinion sur la gouvernance des entreprises.

ESG et notes de crédit des entreprises

De même, les indicateurs ESG influent sur les notes de crédit des entreprises. Ainsi, selon une étude récente de l’agence de notation S&P Global Ratings, 225 entreprises non financières ont connu un changement de notation entre juin 2015-juin 2017. C’est deux fois plus élevé comparé à la période précédente 2013-2015.

Développement durable et gestion des entreprises

RSEAlors, comment l’entreprise peut-elle communiquer au mieux ses objectifs ?

D’une part, elle s’adresse à un public aux attentes hétérogènes.

De l’autre, elle doit traiter de données extra financières abondantes. Tel est le challenge des organisations.

Rôle de la direction financière

Dans l’entreprise, les managers financiers sélectionnent des projets d’investissement. L’objectif est d’atteindre un ROI satisfaisant. Donc, à la base, ils satisfont en priorité les actionnaires et les créanciers de l’entreprise. In fine, le but est de créer de la valeur.

Or, ils sont confrontés à des contraintes portant sur la sélection des projets et les coûts (main d’œuvre, capital). En plus, s’ajoute une composante extra-financière.

Exemples : choix et prix des sources d’énergie, subventions

Ces données relèvent de décisions stratégiques de l’entreprise. Ainsi, les managers financiers doivent pouvoir argumenter leurs choix d’investissement avec les autres directions (production, générale, etc.).

En conséquence, développement durable oblige, l’entreprise doit intégrer les enjeux RSE dans sa stratégie. Pour le DAF, il s’agit alors de nouveaux risques qu’il convient de traiter.

Apport des nouvelles technologies sur le développement durable

Pour ce faire, l’organisation doit être à même de gérer ses données. Or, alimentée par le processus de digitalisation actuelle, celles-ci sont devenues le « fuel » de l’entreprise. Bien exploitées, les données constituent une source d’avantages concurrentiels. Elles comprennent des éléments hétérogènes, tant financiers qu’opérationnels.

  •  L’information financière

Exemples : les actifs de l’entreprise, les cash-flows, le chiffre d’affaires

Il est possible de faire des comparaisons sectorielles. On peut aussi se référer à des normes comptables et autres techniques financières.

  • L’information extra-financière

Hétérogène, elle est propre à chaque entreprise et à son environnement

Exemples : clients, fournisseurs, salariés

  • Le rôle des nouvelles technologies

Aussi, pour exploiter ses données, les nouvelles technologies y compris l’intelligence artificielle, constituent un atout non négligeable.

A ce sujet, le cabinet Ernst & Young a publié une étude en novembre 2018. Elle s’intitule« How can the digital développement durabletransformation of reporting build the bridge between trust and long term value ? ». Le cabinet conclut ainsi :

« De nouveaux outils permettent aujourd’hui de disposer d’une information en temps réel et agile, mais aussi d’extraire la donnée, de l’agréger, de l’analyser et de la restituer… L’automatisation des processus transactionnels permet de libérer les équipes, qui pourront alors réallouer leur temps à l’analyse des données »

Par conséquent, pour bénéficier de telles avantages, les directions financières doivent développer de nouvelles compétences digitales, juge ce rapport.

Mais il reste encore à savoir comment assurer la fiabilité des données (ESG).

Vers l’adoption d’un reporting intégré non normatif ?

Alors, faut-il envisager un support fédérateur ? Techniquement parlant, la question se pose sur les méthodes de valorisation du capital social et environnemental de l’entreprise. De plus, l’organisation évolue dans un contexte digitalisé et globalisé. Elle doit pouvoir être agile et exploiter toutes les données disponibles.

Instauration du reporting intégré

Alors, pourquoi ne pas envisager un standard pour entreprise ?  C’est la position de l’IIRC (International Integrated Reporting Council) avec le reporting intégré.

Le but alors de créer un tableau de bord comprenant tous les indicateurs financiers et extra-financiers auxquels s’ajoutent des critères propres à l’entreprise (secteur géographique, industrie, etc.)

Tel est l’atout du reporting intégré. Ce document s’adresse à tous les services de l’entreprise (production, marketing, RH, etc.) pour mieux comprendre la création de valeur.

Déjà, de nombreuses entreprises ont décidé au moins de réaliser un rapport intégré. En France, c’est le cas avec les groupes Danone ou Veolia.

En outre, par ricochet, il en résulterait de moindres soupçons en matière de greenwashing. Il s’agit d’une technique de communication consistant à se donner une bonne image en matière RSE.

Absence de norme de développement durable

Côté régulateur, pour l’instant, la position de IASB est claire.  Il est hors de question d’établir une norme sur le développement durable.

Lors d’une conférence à Cambridge le 03 avril dernier, Hans Hoogervorst, président de l’IASB, s’exprimait au sujet du changement climatique sur les états financiers. Et de conclure :

 « Les incitations financières restent cruciales pour combattre le changement climatique. […] Comme les effets du changement climatique deviendront plus prédominants, ils deviendront plus visibles dans les états financiers ».

Conclusion sur le développement durable pour les organisations

Aussi, à l’heure actuelle, la valorisation de l’entreprise, ce n’est pas que de l’information financière moulinée dans des ratios préétablis. D’autres considérations extra-financières sont désormais pris en compte. L’analyse de l’entreprise s’effectue alors sous de multiples angles.

Désormais, une vue holistique explique la création de valeur de l’entreprise.  La difficulté alors est de savoir comment établir une sorte de standardisation des critères ESG. Tel est le challenge à surmonter dans les prochaines années.

A suivre …

 

Pour en savoir plus :

RFComptable : dépêches 37860

Ernst & Young : How Can The Digital Transformation Of Reporting Build The Bridge Between Trust And Long Term Value

Memofinances : Plaidoyer Pour La Création D’Un Meilleur Reporting Intégré

E-rse.net : L’empreinte eau : le prochain challenge de durabilité pour les entreprises

 

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Françoise R.

Passionnée de finance d'entreprise et de management, je partage avec vous des nouvelles et des contenus thématiques autour du management financier. Si vous avez envie de partager votre avis après avoir lu ce post, n'hésitez pas à laisser un commentaire.

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