VSME : Norme volontaire en matière de durabilité pour les PMEs
Le 30 juillet 2025, la Commission européenne a validé une nouvelle norme dite VSME (Voluntary Sustainability Reporting Standard for non-listed SMEs). Ce cadre volontaire et simplifié pour les PME non cotées permet de valoriser leurs engagements en matière de durabilité, sans subir les lourdeurs des standards imposés aux grands groupes par la directive CSRD.
Or, même si 80% des entreprises ont été exonérées par le paquet Omnibus, les parties prenantes (clients, banques, fournisseurs) exigent plus de transparence ESG.
Aussi, pour rester crédibles et compétitives, les PME doivent être en mesure de publier des données de durabilité fiables et comparables.
En soi, la VSME introduit une vérifiabilité inédite dans le reporting extra financier des petites structures.
La norme VSME née d’un besoin urgent d’un référentiel adapté aux petites structures
Tout d’abord, il convient de comprendre le contexte réglementaire et économique qui a conduit à cette innovation.
Genèse de la norme VSME
Depuis janvier 2024, la directive CSRD impose aux grandes entreprises des exigences accrues de reporting ESG dans leurs rapports consolidés. Or, ces organisations font pression sur leur chaîne de valeur. Aussi, cela s’est traduit par des demandes fréquentes et parfois contradictoires adressées aux PME, fournisseurs ou partenaires.
Cette fragmentation des exigences crée un véritable fardeau pour les petites structures. En fait, celles-ci sont souvent dépourvues de ressources ou de compétences internes pour y répondre efficacement.
C’est dans ce contexte que L’EFRAG (European Financial Reporting Advisory Group) sur demande de la Commission européenne a élaboré la norme VSME.
Des objectifs pragmatiques
Adoptée le 30 juillet 2025, elle vise à aider les PME (moins de 1000 salariés) non cotées à communiquer leurs données extra-financières de façon standardisée. Ainsi, ces structures contournent les lourdes contraintes des normes applicables aux grandes entreprises.
C’est dans cette optique que la VSME poursuit plusieurs objectifs complémentaires, à savoir :
- répondre aux pressions réglementaires
- constituer un outil de dialogue avec les parties prenantes
- encourager le développement d’une culture de reporting ESG au sein des petites structures
Finalement, la VSME s’avère être une norme simple et actionnable avec fluidité.
Structure de la VSME : Deux modules adaptables
En fait, la force de la VSME réside dans son approche modulaire. Ainsi, elle favorise une progression adaptée au niveau de maturité des PME. A ce titre, elle comprend :
- d’une part, un module de base (basic module) : Il comporte 11 indicateurs, jugés essentiels, couvrant les 3 piliers de l’ESG.
Parmi eux figurent les émissions de gaz à effet de serre (scopes 1 et 2), la part des femmes dans l’effectif ou encore les accidents du travail. Ce socle minimal permet aux PME d’engager une démarche reporting sans se noyer dans de lourdes exigences.
- de l’autre, un module complet (comprehensive module) : Optionnel, il propose 9 indicateurs supplémentaires. Ceux-ci portent sur des sujets plus avancés comme la réduction des GES, description des risques climatiques ou encore des politiques anti-corruption détaillées.
En conséquence, cette montée en compétence graduelle évite toute surcharge. A ce point, elle accompagne au mieux les PME vers une meilleure structuration de leur démarche RSE.
Une opportunité stratégique pour les PME et … les auditeurs
En fait, la mise en application de la norme VSME constitue une opportunité pour les PME non cotées. A vrai dire, sa mise en œuvre implique de repenser l’organisation interne, de choisir les bons indicateurs, puis de tisser un lien de confiance avec ses parties prenantes. Mais, encore faut-il surmonter les freins potentiels à l’adoption de la norme !
Ce nouveau cadre, ouvert et modulable, saura-t-il s’ancrer dans les pratiques quotidiennes des PME jusqu’à devenir un levier d’efficacité, de crédibilité et de performance ? C’est dans ce contexte qu’il convient de comprendre le rôle de l’auditeur dans cette dynamique.
Des bénéfices concrets pour les entreprises : Un levier de compétitivité
Au-delà de la simple production d’un rapport, adopter la norme VSME permet d’enclencher une véritable dynamique interne tournée vers la durabilité.
En effet, en s’appuyant sur un cadre reconnu, les PME peuvent fournir à leurs partenaires des données ESG fiables, comparables et transparentes. Cela fluidifie la relation commerciale avec les clients. Et, en outre, cela permet souvent d’obtenir des conditions de financement plus favorables auprès des banques et des investisseurs.
De plus, la VSME est un outil qui structure la démarche RSE en interne. Ainsi, elle conduit à la mobilisation des équipes et au pilotage des résultats.
Finalement, anticiper cette norme, c’est se préparer à une probable généralisation future du reporting extra-financier à tout acteur économique.
Le rôle clé des auditeurs
Et, pour les professionnels du chiffre, la norme VSME ouvre un nouveau champ d’action, au carrefour du contrôle et du conseil. Son objectif est de garantir la cohérence et la vérifiabilité du reporting extra-financier.
Aussi, la vérification extra-financière s’effectue à trois niveaux :
- quantitatif : l’auditeur croise les émissions CO₂ déclarées avec des preuves tangibles. Il peut s’agir de factures d’énergie ou des registres de flotte de véhicules.
- qualitatif : Il assure que les politiques ESG annoncées sont effectivement déployées (ex. : procès-verbaux de formation ou d’actions concrètes).
- complétude : Il évalue aussi les données manquantes ou imprécises en les comparant à des benchmarks sectoriels validés.
Ainsi donc, l’auditeur est un véritable partenaire de confiance entre la gouvernance des PME et les exigences croissantes des parties prenantes.
Points de vigilance
Toutefois, même en version allégée, la mise en place de la VSME a ses limites. Son adoption nécessite du temps et de la montée en compétences. Parfois même, l’appui de conseillers ou d’auditeurs externes s’avère nécessaire.
Par ailleurs, l’absence de caractère obligatoire laisse la porte ouverte à des pratiques inégales. Aussi, il y a un réel risque de greenwashing. Ceci peut alors limiter la confiance accordée au reporting.
De plus, le module de base ne couvre pas toutes les spécificités sectorielles ou territoriales. Par exemple, des indicateurs de corruption s’avèrent insuffisants. En effet, seuls les cas de sanctions judiciaires sont pris en compte. Or, ils ne représentent qu’une infime partie des réalités du terrain. Ainsi, 90% des cas de corruption ne sont jamais judiciarisés selon le Transparency International 2025 !
Par conséquent, pour renforcer la crédibilité du reporting, le recours à une assurance externe pourrait devenir un standard dans les années à venir.
Conclusion : Perspectives d’évolution de la norme VSME
De toute évidence, la norme VSME enrichit l’ossature du reporting européen en matière de durabilité. La Commission européenne prévoit des améliorations sectorielles et nationales, y compris avec l’intervention de tiers indépendants.
En fait, la VSME est loin d’être figée. Elle devrait évoluer avec :
- les révisions de la CSRD et de la directive CS3D
- l’intégration d’outils numériques (XBRL pour tagger les données, plateformes collaboratives comme Sweep pour l’automatisation de la collecte, le suivi et la gestion des indicateurs ESG)
- et la pression croissante des investisseurs pour des données ESG vérifiées.
De plus, il est même envisagé d’élargir la norme VSME à d’autres PME. Ceci est fort probable au fur et à mesure que la demande pour la transparence et la durabilité deviendra la norme pour le tissu entrepreneurial.
In fine, la norme VSME est une avancée majeure pour les petites et moyennes entreprises européennes. Pour la première fois, elle leur offre un cadre simple, modulable et reconnu pour rendre visible leur engagement durable. Pour les auditeurs, elle inaugure un champ d’action au service de la crédibilité extra financière.
En conséquence, la norme VSME est un outil stratégique, à la fois de compétitivité et de préparation à l’avenir.
Pour plus d’approfondissements:
Voir ces trois vidéos de l’Efrag sur la VSME :
EFRAG releases educational videos on the Voluntary Sustainability Reporting Standard for non-listed SMEs